Dr. Xavière LIORNAGE
Prix Fondation Université de Strasbourg
UMR 7104 - U 1258 - Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire (IGBMC)
Les myopathies congénitales sont des maladies musculaires génétiques sévères qui débutent généralement à la naissance ou dès l’enfance par une forte faiblesse musculaire (hypotonie) et qui ont un impact important sur la qualité de vie des patients. Outre la faiblesse musculaire, de nombreux autres signes cliniques sont fréquemment associés aux myopathies congénitales, comme une insuffisance respiratoire et une atteinte cardiaque qui peuvent mettre en danger la survie des myopathes. Ces maladies se caractérisent par divers défauts structuraux de la fibre musculaire squelettique qui permettent de classer les myopathies en différents groupes. Afin d’identifier de nouvelles causes génétiques de myopathie, nous avons séquencé et analysé les exomes de patients myopathes qui ne disposaient pas de diagnostic moléculaire. Les mutations identifiées peuvent être classifiées en trois groupes selon les gènes touchés : gènes déjà décrits comme mutés dans les myopathies avec des données cliniques et histologiques compatibles, gènes déjà décrits comme mutés dans les myopathies mais identifiés chez des patients avec de nouveaux phénotypes, et nouveaux gènes de myopathie. Les mutations identifiées dans les gènes connus touchent de très grands gènes (NEB, TTN, RYR1, GNE), qui n’étaient auparavant pas criblés en routine. La description de cas additionnels permet d’établir des corrélations entre le type et localisation des mutations, la sévérité de la maladie et les défauts histopathologiques observés. J’ai identifié et caractérisé des mutations associées à de nouveaux phénotypes dans les gènes SCN4A, HSPB8, EXOSC3, SPEG, CASQ1, HNRNPDL, EXOSC3 and GNE. Ces résultats permettent de souligner l’hétérogénéité clinique et histologique des myopathies congénitales et ainsi d’élargir le spectre phénotypique de ces maladies. J’ai aussi mis en évidence deux nouveaux gènes de myopathie. MYPN et ACTN2 codent pour deux protéines structurales du sarcomères appelées myopalladine et alpha-actinine-2. Afin d’étudier l’impact des mutations sur la fonction de la protéine et sur la physiologie du muscle, j’ai réalisé des analyses moléculaires et fonctionnelles en modèles cellulaires et animaux. Les mutations dans MYPN induisent une perte de la protéine, et dans les muscles de souris, l’alpha-actinine-2 mutée conduit à une faiblesse musculaire et génère des défauts structuraux similaires à ceux retrouvés chez les patients. Ces résultats ont un impact direct sur la prise en charge des patients et sur le conseil génétique, sur la compréhension de voies de signalisation fondamentales pour la physiologie musculaire, et mettent en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques.